Théories économiques et modèles de gestion
Lieu: Ecole Supérieure de Technologie-Oujda | Ville: Oujda, Maroc
Argumentaire
Ce n’est que récemment (quelques décennies) que la gestion a eu sa propre identité, en se détachant de l’économie. La question de démarcation de la gestion, eu égard à l’économie est une question de lunettes (Zardet 1995)[1]. En effet, la gestion s’intéresse à l’étude des phénomènes, au sein de l’entreprise ou l’organisation, d’une manière microscopique sur la base du triptyque structures-comportements-performance. Vu le lien historique entre les deux disciplines, il est intéressant de se questionner sur leurs interrelations et l’influence de l’une sur l’autre. Puisque l’économie est la discipline ainée de la gestion, il est plus plausible de mettre en lumière les apports des théories économiques à la gestion et plus particulièrement à ses modèles. Le terme « modèle » est utilisé dans son acception large, soit un objet possédant certaines qualités et caractéristiques propres à en faire une référence. Il peut ainsi s’agir, d’approche, de méthode, d’indicateur, d’instrument, de système, etc.
Le besoin nous vient de voir plus clair et de déceler la pertinence des théories économiques et des modèles de gestion que l’humanité continue d’utiliser et d’expérimenter, dans le contexte actuel qualifié pour le moins de préoccupant (CNUCED 2018). En témoignent la récente embellie de la conjoncture économique qui n’a pas permis de solidifier en profondeur l’équilibre global, la montée du protectionnisme (Brexit), de la corruption, de l’inégalité sociale, de l’émigration clandestine et l’essoufflement des banques centrales.
Les théories penchant sur les problèmes économiques se sont développées depuis plus de deux cents ans (avec les travaux d’Adam Smith et David Ricardo). Depuis, le développement des idées économiques n’a pas cessé de donner lieu à une évolution, voire une révolution à différentes approches. En effet, l’analyse économique s’est enchainée avec les travaux de plusieurs courants qui essayent d’approfondir les anciennes idées ou proposent de nouvelles idées économiques tout en se controversant parfois, avec des controverses et des remises en question et des contre-attaques. Les principales approches et thèses sont apparues avec les néoclassiques, les keynésiens, les monétaristes, les «nouveaux classiques », les néolibéralistes, les « néoricardiens» et les « post-keynésiens ». Il est souvent considéré que ces théoriciens en économie capitulent au terme de certaines controverses, et que cette capitulation a, paradoxalement, favorisé la contre-attaque des uns par rapport aux autres.
Quand même, ces travaux ne cessent de donner une avancée incontournable pour le développement ou la naissance de nouvelles idées dans les différents domaines. En plus, l’interaction des théories économiques avec les autres disciplines s’est amplifiée, en enrichissant ainsi, le développement scientifique de cette discipline favorisant l’application de l’économie à différents domaines tels que la santé, le travail, l’industrie, le terrorisme, les civilisations et la gestion. La liste n’est pas exhaustive. Cette interaction fait apparaitre ainsi, l’économie de la santé, l’économie industrielle, l’économie du terrorisme, l’économie des civilisations et les modèles économiques de gestion. Dans tous les cas, la démarche repose sur l’application à divers phénomènes de quelques modèles économiques tels que les modèles de rationalité individuelle ou les modèles de jeux stratégiques, qui permettent de reproduire divers faits stylisés (Le Call 2008).
Souvent les liens entre théories économiques et modèles de gestion transitent via des modèles économiques de gestion (Pellegrin 1992) qui désignent la manière dont une entreprise ou une organisation crée de la valeur et s’en empare ainsi que d’allouer et d’organiser ses ressources (Kostas, Ladas, et Loch 2017). Parmi ces modèles, il est possible de citer ceux utilisés dans la grande distribution comme le modèle orienté produit et le modèle serviciel orienté client (Moati 2012), et ceux employés dans le domaine du système d’information tels que le modèle « Application Service Provider » et le modèle d'intégrateur hybride (Association April 2007).
Conjointement, depuis plusieurs années des liens sont établis entre les modèles de gestion et les théories économiques. Puisque ces liens sont nombreux, nous nous contentons de quelques exemplifications. Ainsi, les modèles de gestion quantitatifs se sont inspirés de la théorie économique néoclassique dans sa globalité. De même, la théorie économique de la décision semble être à l’origine du modèle de pilotage de l’efficience et de celui de la rentabilité des investissements. Aussi, la théorie du contrat incite à l’adoption de modèles de gestion patrimoniale et externalisée en comparant les coûts de transaction et les coûts organisationnels (Alazard et Separi 2001). Egalement, la théorie économique évolutionniste est en mesure d’alimenter la gestion en termes de modèles de changement et d’apprentissage organisationnel ainsi qu’en termes de modèles de comptabilité de gestion, transverses et processuels[2] comme Activity Based Costing et le système basé sur les processus proposé par Mevellec (2014). Pareillement, le modèle d’entrepreneuriat social est issu de la la théorie de l’économie sociale qui s’attache à réunir des personnes avant de réunir des capitaux, sans chercher en priorité la rémunération du capital (Dardour 2012). Dans la même veine, la théorie du capital humain et intellectuel a fait émerger plusieurs modèles de gestion des ressources humaines comme Skandia Navigator et d’autres indicateurs pour apprécier les investissements immatériels.
Enfin, la théorie des frontières efficientes a donné naissance à un modèle d’évaluation de l’efficience basé sur la programmation linéaire, en l’occurrence Data Envelopment Analysis (Charnes et al. 1978). Nous terminons ces exemplifications, par la théorie économique hétérodoxe, inspirée de l’économiste espagnol Germán Bernácer et concrétisée par Henri Savall à travers son ouvrage « l’hétérodoxie en sciences économiques » (1975). Cette théorie économique hétérodoxe est couronnée par l’élaboration d’un modèle de gestion des entreprises et des organisations baptisé « méthode des coûts –performances cachés ». En fait, il ne s’agit pas uniquement d’une méthode, mais plutôt d’un modèle bien bâti et bien nanti en termes de concepts, d’instrumentation et de démarches (Savall, Zardet et Bonnet 2000). Ce modèle concilie l’économique et le social, le court terme et le long terme, le matériel et l’immatériel, le quantitatif et le qualitatif et le comportemental et le structurel ; le tout est synthétisé dans les coûts cachés décliné en cinq indicateurs, six thèmes dysfonctionnels et cinq composants (Savall et Zardet 1992).
Axes thématiques
Le colloque s’interrogera sur une multitude de thèmes qui se trouvent à la croisée des chemins entre les différentes théories en économie et l’interaction de celle-ci, particulièrement avec la gestion des entreprises et des organisations privées et publiques. Cependant, l’analyse des interrelations de l’économie avec les autres champs disciplinaires relevant aussi bien des sciences sociales que des sciences dures, est également sollicitée par le colloque.
Le débat peut aussi être étalé sur l’extension des diverses théories économiques et des modèles de gestion. Les questions qui méritent d’êtres posées sont alors autour des contributions de ces théories, l’interaction avec les autres disciplines, le développement d’autres disciplines issues des théories de base, etc. Aussi, d’autres questions s’imposent d’elles mêmes : les différentes théories économiques ont et auront-elles toujours une utilité ? Les modèles de gestion qui en découlent sont-ils et seront-ils aussi efficaces et efficients que pensent les designers de liaisons entre théories économiques et modèles de gestion? Une autre question mérite d’être posée : n’est-il pas possible d’inverser ou modifier la problématique via les questionnements suivants ? La gestion a-t-elle apporté quelque chose à l’économie ? N’est-il pas possible d’assembler les deux disciplines sous une même dénomination ?
Types de contributions
Deux types de contributions sont attendus :
-Des articles de 12 à 15 pages dont les meilleurs seront publiés dans une revue ou un ouvrage collectif ;
- Des résumés de 3 pages pour les communications qui seront présentées oralement ; uniquement ;
Les contributions doivent préciser toutes les informations sur les auteurs : Nom, prénom, adresse, fonction, établissement de rattachement, spécialité, entité de recherche d’appartenance… Une même contribution ne peut pas être l’œuvre de plus de deux (2) auteurs et un même auteur ne peut pas présenter plus de deux (2) contributions.
N.B. : Les manuscrits sont présentés selon les normes APA.
Calendrier
-Date limite de réception des contributions (articles ou résumés) : 5 décembre 2018 ;
- Programme du colloque : 10 décembre 2018 ;
- Date du colloque : 20 décembre 2018.
Les contributions devront être envoyées aux adresses suivantes :
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Processus d’évaluation
- Du 5 au 10 décembre 2018 : première évaluation ayant pour objectif d’évincer les contributions ne répondant pas aux objectifs du colloque en termes de thème et de niveau de qualité minimum ;
- A partir du 20 décembre : évaluation approfondie des contributions et sélection de celles qui seront publiés dans un ouvrage collectif ou une revue.
Comité scientifique
Zardet Véronique, ISEOR-France
Bakouch Sadek, Président de la CIAQES, Alger – Algérie
Benseddik Mohammed, ENCG – Oujda – Maroc
Bensghir Afaf, EST – Oujda- Maroc
Berrichi Abdelouahed, FSJES – Oujda – Maroc
Carassus David, Directeur de la Chaire OPTIMA - France
Chakour Abdessamad , Highline college-Seattle-WA-USA
Charreaux Gérard , GREGO-Université de Bourgogne-France
Savall Henri, ISEOR-France
Chahi Said , FSJES – Casablanca – Maroc
Chettab Nadia, FSESG-Annaba-Algérie
Bentahar Hachemi, Directeur du CEDOC Droit-Economie et Gestion, Oujda-Maroc
Daanoune Rachid, ENCG- Tanger- Maroc
De La Villarmois Olivier, IAE de Paris-France
Douayri Khadija, EST – Oujda- Maroc
Duthil Gérard , CREAM-Université de Rouen- France
EL Akry El Kbir, FSJES – Oujda – Maroc
Huron David, AIRMAP- IAE-Université Nice Sophia Antipolis-France
EL Attar Abdelillah , FSJES – Oujda – Maroc
EL Hila Rachid, EST – Oujda- Maroc
EL Kadiri Boutchich Driss, EST – Oujda- Maroc
Fadil Nazik, EM Normandie - France
Fikri Khalid , FSJES – Oujda – Maroc
Fiore Claude, Université Aix-Marseille- France
Gallouj Camal, Université Paris-Sorbonne- France
Lahrach Rahhal, EST – Oujda- Maroc
Marin Pierre, Directeur adjoint de la Chaire OPTIMA - France
Mévellec Pierre, IAE- Nantes- France
Moussamir Abdelhak, FSJES – Mohammédia – Maroc
Pasquier Martial, Université de Lausanne - Suisse
Oulad Seghir Khalid, FSJES– Tanger – Maroc
Tamouh Nadia, EST – Oujda- Maroc
M’rabet Najib, EST – Oujda- Maroc
[1] Affirmation lors d’un déjeuner-débat entre éminents professeurs français en économie et gestion.
[2] Les routines organisationnelles sur lesquelles repose l’approche évolutionniste conduisent inéluctablement à une architecture organisationnelle transversale et processuelle.
Oujda 60000, Maroc
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