Le colloque international sur le management et l’ingénierie – isme’22 - 1ére édition sous le thème : le management de la résilience
Venue: Agadir | المدينة: Agadir, Maroc
- Préambule
Les chercheurs et les praticiens sont de plus en plus centrés sur le terme général de résilience, qui reflète le désir de comprendre la capacité des systèmes organisationnels, technologiques, écologiques, et sociaux à fonctionner malgré les changements prévisibles et imprévisibles.
Nous nous concentrerons sur le discours autour du concept de résilience. Cette focalisation est basée sur la nécessité croissante des changements disruptifs et chroniques dans les systèmes sociaux, environnementaux et techniques à travers le monde. Il s'agit par exemple de chocs aigus sous la forme de troubles sociaux, de conflits politiques, de risques naturels, de pandémies, ainsi que de facteurs de stress chroniques tels que le changement climatique, la justice sociale, les instabilités financières, et leurs impacts en cascade. Il est donc nécessaire d’approfondir le paradigme du concept de résilience.
La visée de cette rencontre est d’initier un tel changement et de préparer à une construction permanente de résilience, en sollicitant des contributions interdisciplinaires provenant d'un éventail de domaines et à différents niveaux d'analyse : individu, équipes/groupes, projets, organisations, système, industrie, société et territoire. Les contributions provenant de disciplines plus larges mais connexes de la gestion, de l'ingénierie, des sciences sociales, des sciences naturelles ou de l'économie sont les bienvenues, pour autant qu'elles touchent à la fois aux thèmes de la résilience.
- Contexte
La résilience est un concept qui a reçu un intérêt particulier de la part des chercheurs, le nombre important des travaux en témoigne. Le concept trouve son origine dans les paradigmes écologiques et d'ingénierie (Adger, 2000), avant d'être adaptés à la recherche dans d’autres domaines d’études.
Le concept de résilience a été appliqué à différents niveaux de systèmes, notamment les individus, les équipes/groupes, les projets, les organisations, les industries, le territoire et les sociétés (Sutcliffe et Vogus, 2003 ; Naderpajouh et al., 2020). À ces niveaux, différents degrés d'analyse de la résilience ont été proposés et utilisés, allant de simples notations à une modélisation avancée (Linkov et al., 2018) et à des études empiriques (Aldrich, 2012, 2019).
Une vision systémique fournit une approche inclusive et intégrative pour comprendre la résilience des systèmes. Elle se concentre non seulement sur une unité individuelle, mais sur l'ensemble du cadre et de ses interdépendances, ainsi que sur ses systèmes sociaux et organisationnels associés.
Des recherches conceptuelles et empiriques antérieures ont offert de multiples perspectives théoriques (par exemple, en s'appuyant sur la vision basée sur les ressources et les théories des capacités dynamiques, la théorie du couplage lâche, la théorie du traitement de l'information, la théorie de la contingence et la théorie du capital social) (Ponomarov et Holcomb, 2009 ; Brandon-Jones et al., 2014 ; Brusset et Teller, 2017 ; Chowdhuri et Quaddus, 2017 ; Gölgeci et Kuivalainen, 2019 ; Yu et al., 2019). D'autres études se sont appuyées sur d'autres disciplines pour comprendre la résilience (Van der Vegt et al., 2015). Les chercheurs en management conceptualisent la résilience non seulement comme un résultat ou une fin en soi, mais aussi comme un processus et une dynamique qui créent la flexibilité, l'adaptabilité et l'agilité permettant aux entreprises de confronter et de surmonter les perturbations (Sheffi et Rice, 2005 ; Klibi et al., 2010 ).
Plus important encore, la recherche a mis l’accent sur les facteurs qui contribuent au renforcement de la résilience, nous citons entre autres : le déploiement et la reconfiguration des ressources, la réingénierie de la chaîne d'approvisionnement, la culture de management des risques et l'adoption de la technologie numérique d’aide à la décision (Petit et al., 2019 ; Bode et al. 2011 ; Sutcliffe & Vogus, 2003 ; Parker & Ameen, 2018, van der Vegt et al. 2015 ; Kim et al., 2015 ; Christopher et Peck, 2004 ; Sheffi et Rice, 2005 ; Scholten et al., 2014 ; MacDonald et al., 2018).
Dans ce sens, certains chercheurs préfèrent parler de l'organisation de la résilience. Ils la définissent comme étant l’ensemble des actions nécessaires afin de planifier, d’absorber, de récupérer et de s'adapter aux changements dans l’environnement (Sutcliffe & Vogus, 2003 ; NRC, 2012 ; Naderpajouh et al., 2020). Tandis que d’autres évoquent la gestion de la résilience faisant référence aux actions visant à assurer le fonctionnement continu des systèmes dans des conditions variables (Naderpajouh et al., 2018).
La littérature sur la résilience donne lieu, également, à plusieurs définitions. La résilience a été définie comme la qualité fondamentale pour répondre de manière productive à un changement significatif qui a perturbé le modèle prévu des événements (Horne and Orr 1998), puis elle a été vue comme la capacité à gérer des conditions difficiles tout en garantissant l’existence et la prospérité de l’entreprise (Haase & Eberl., 2019). Par la suite, elle a été repérée en tant que reconstruction continue (Hamel and Valikangas 2003), pour s’inscrire dans un processus actif qui développe l’ingéniosité psychologique apprise et les expériences précédentes dans leur ensemble (Paton et al. 2000, 2001).
En management, la résilience, par exemple, se réfère à la capacité d'un système à fonctionner en réponse aux variations des conditions (Aldrich, 2019 ; Giustiniano et al., 2018). Ce discours se concentre explicitement sur la capacité à supporter et absorber les chocs, à rebondir après une crise et à tirer les enseignements de ces difficultés (Linkov et Trump, 2019 ; Linnenluecke, 2017). Les sciences de l’ingénieur ont, également, marqué leur intérêt à la résilience en la qualifiant comme la capacité de sentir, de reconnaitre, de s’adapter et d’absorber les variations et les changements (Hollnagel et al. 2006), tandis que la psychologie individuelle a retracé les principales caractéristiques de l’individu résilient à savoir l’anticipation, la résistance, l’adaptation et la capacité d’improvisation. Coutu (2002).
Cependant, en tant que concept multiforme et multidimensionnel, le débat sur la résilience n’est jamais clos. Il trouve toujours son intérêt dans un contexte VUCA (Volatilité, incertitude, complexité, ambiguïté). Par exemple, au cours des dernières années, avec le développement rapide des technologies numériques, la récession économique, le réchauffement climatique et autres, les processus organisationnels existants se façonnent et sont constamment façonnés les uns par les autres, remettant en question de manière significative la pensée académique et les théories classiques de management (Fichman et al., 2014 ; Nambisan et al., 2017). Le contexte actuel des affaires pousse les organisations à repenser leur Business Model (Nambisan, 2018) afin de renforcer leur capacité de survie ou la viabilité (Ivanov et Dolgui, 2020). Des études récentes ont suggéré l'utilisation de technologies numériques telles que les capacités d'infrastructure numérique et l'analyse de Big Data même pour prédire les urgences futures (Dubey et al., 2019a, b ; Papadopoulos et al., 2017 ; Wamba et al., 2020). En fin, si en management, la notion d’ambidextrie vient pour édifier un équilibre entre les activités d’exploitation courantes et les activités d’exploration, la résilience vient la rejoindre pour instaurer une harmonie entre une adaptation positive aux perturbations et une construction durable de l’anti-fragilité.
Nous espérons que cet appel contribuera au changement de paradigme en revisitant nos hypothèses existantes, en falsifiant et en révisant nos fondements théoriques, et en explorant de manière critique les extensions potentielles, et en fin de compte, en enrichissant les connaissances existantes.
- Impact escompté
Les contributions attendues dans cet appel à communication visent rendre compte des points de convergence et de divergence entre des chercheurs de disciplines différentes, sur la résilience : sa nature, ses déterminants, ses facteurs et ses critères de mesure et de diagnostic, permettant à l’enseignement supérieur d’apporter des réponses aux défis actuels et à venir de la résilience.
Nous espérons, également, que les travaux de notre rencontre atteindront éventuellement les organes décisionnels et d'autres parties prenantes concernées pour les aider à créer de meilleures stratégies pour faire face aux perturbations de l’environnement des affaires et garantir la résilience.
Le colloque sera aussi une opportunité de rencontre entre les chercheurs et professionnels, pour permettre le croisement des regards, la génération des recommandations et la mise en œuvre réelle des solutions pour les entreprises et les individus notamment en matière de pratiques résilientes, de mesure de la résilience, déterminants et stimulateurs etc …..
- Axes du colloque :
Plusieurs axes majeurs définissent les contours de ce colloque pluridisciplinaire :
AXE 1 : La résilience individuelle, collective et la GRH ;
AXE 2 : La résilience en management des projets et en management d’innovation ;
AXE 3 : La résilience organisationnelle ;
AXE 4 : La résilience en industrie et en ingénierie (Chaînes d’approvisionnement) ;
AXE 5 : La résilience des systèmes bancaires et institutions financières ;
AXE 6 : La résilience et la transformation digitale ;
AXE 7 : La résilience et le changement climatique ;
AXE 8 : La résilience et la récession économique ;
AXE 9 : La résilience des territoires, de la ville et dans les sociétés contemporaines ;
AXE 10 : La résilience pédagogique et de l’université ;
La liste des thèmes n'est pas exhaustive, le comité d'organisation reste ouvert à toute proposition de communication enrichissant la thématique du colloque.
- Notes pour les auteurs
Ce colloque se concentre sur le caractère interdisciplinaire de la résilience. Les soumissions peuvent porter sur tout sujet lié à la résilience à différents niveaux : individu, équipe/groupe, organisation, projet, réseau d'organisations (industries ou chaînes d'approvisionnement), territoire ou société. Les communications doivent avoir pour but d'apporter une contribution significative d'un point de vue théorique et/ou empirique ou de présenter un propos d'étape d'une recherche non encore achevée, originale et prometteuse. Ces communications peuvent être soumises en français ou en anglais.
Toutes les soumissions doivent s'appuyer sur un support théorique et méthodologique clair et solide pour relier les phénomènes observés et faire progresser les courants de recherche sur la résilience.
Nous accueillons un large éventail de méthodologies afin d'encourager les contributions interdisciplinaires. Par conséquent, pour initier l'approche interdisciplinaire, nous adoptons des vues pluralistes et instrumentalistes du concept de résilience. Cela met l'accent sur l'utilisation d'un plus large éventail de théories et de modèles pour susciter un changement de paradigme et résoudre des problèmes pratiques.
Notre comité scientifique sera attentif à ce que les communications proposées, pour lesquelles s'effectuera un rigoureux travail d'évaluation, soient originales et représentent un réel apport de connaissances pour les participants. Toutes les propositions de communication seront évaluées en aveugle par deux évaluateurs ou plus.
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